La filière canine

[Concerne le chien, toute ressemblance avec d'autres associations serait purement fortuite]

Rapport COPERCI sur la gestion des races - 3/8 - La filière canine

La place croissante prise par l'animal de compagnie dans notre société depuis la seconde moitié du siècle dernier est un phénomène assez remarquable pour avoir été souvent analysé et largement rapporté. On sait que depuis 1993, plus de la moitié des foyers français possèdent au moins un animal familier. L'espèce canine a depuis longtemps une place de choix dans cette évolution et les dernières statistiques récentes font état en 2003 de 8,6 millions de chiens en France, 27% des foyers en possédant au moins un.

Pour aboutir à ce résultat, il a fallu que se mette en place progressivement une véritable filière économique, regroupant autour d'une production animale bien identifiée une mosaïque d'acteurs allant des producteurs eux-mêmes aux utilisateurs en passant par les différents intermédiaires commerciaux, fournisseurs et prestataires. Il apparaît utile de les passer rapidement en revue.

I.1. - Les différents acteurs de la filière

I.1.1. - Les producteurs

I.1.1.1. - Les éleveurs occasionnels

Ce sont tous les particuliers qui possèdent une chienne en âge de reproduire et qui décident de lui faire avoir une ou plusieurs portées pour des motifs divers mais qui n'ont aucun souci de rentabilité ni d'ambition de contribuer à l'amélioration des races canines.
Ils sont probablement plusieurs dizaines de milliers chaque année.

I.1.1.2. - Les éleveurs amateurs

Ce sont également des particuliers qui possèdent une ou plusieurs chiennes et parfois un ou plusieurs mâles reproducteurs. Ils n'ont pas de véritable motivation lucrative mais ont par contre une ambition zootechnique affirmée.
On peut estimer qu'ils sont entre 20 000 et 30 000.

Notons que dans cette catégorie se dissimulent de faux-amateurs pour lesquels la production de chiens constitue un revenu d'appoint mais qui, pour autant ne satisfont pas aux obligations légales en matière sociale et fiscale.

I.1.1.3. - Les éleveurs professionnels

Dirigeants de petites entreprises, parfois intégrées dans une exploitation agricole, ils possèdent souvent plusieurs dizaines de reproductrices et quelques étalons. Leur activité n'a généralement pas de finalité élitiste. Ils recherchent évidemment une production la plus nombreuse possible de sujets de qualité mais sans souci prioritaire d'amélioration des races. On en compte 500 à 800.

N.B. :
La loi du 6 juillet 1999 relative aux chiens dangereux et errants et à la protection des animaux a défini l'éleveur à travers la définition qu'elle a donnée de l'élevage de chiens et de chats : "On entend par élevage de chiens ou de chats l'activité consistant à détenir des femelles reproductrices et donnant lieu à la vente d'au moins deux portées d'animaux par an" (III de l'article L.214-6 du code rural). Cette définition a un grand mérite : elle est claire et conduit à une vérification aisée de son respect. C'est ainsi qu'en 2003, selon les inscriptions effectuées au LOF, on compte : 9 836 éleveurs inscrits ayant produit une seule portée et 4 996 éleveurs inscrits ayant produit deux portées ou plus. Sur 15 000 naisseurs, on a donc 5 000 éleveurs qui, selon la loi précitée, sont soumis à quelques obligations (déclaration, conditions d'installation et de fonctionnement, certificat de capacité) énumérées au IV de l'article L.214-6 du code rural, obligations qui devront être détaillées par un décret en Conseil d'État. Ces mesures, qui paraissent très positives, ne doivent pas entraîner de difficultés en tenue d'application à un éleveur digne de ce nom et ne peuvent que favoriser la qualité des élevages et des animaux produits.
La loi n'opère donc pas de distinction au-delà de la production d'au moins deux portées par an. Elle considère d'une part l'éleveur occasionnel et d'autre part celui qui ne l'est pas. Cette seconde catégorie rassemble des personnes pour qui l'élevage de chiens représente l'activité professionnelle principale voire unique, d'autres pour lesquelles elle représente une activité complémentaire.

I.1.2. - Les commerçants

I.1.2.1. - Les grandes surfaces animalières

Ce sont généralement des entreprises propriétaires d'une enseigne nationale et disposant d'un réseau de succursales franchisées. Elles vendent toutes les catégories d'animaux de compagnies ainsi que les gammes d'aliments et d'accessoires utiles à chacune d'elles. La vente de chiens représente une fraction relativement faible de leur activité, celle-ci étant souvent considérées comme commercialement risquée au regard des aléas sanitaires. On en dénombre environ 100.

I.1.2.2. - Les animaleries indépendantes

Elles ne diffèrent des précédentes que par leur statut juridique et par leur taille. Ce sont de petits commerces particuliers qui se présentent comme des boutiques. Elles sont à peu près 350.

I.1.2.3. - Les animaleries des jardineries

Les grandes enseignes de jardineries ont d'abord développé des rayons spécialisés dans l'alimentation animale et les accessoires puis ont rapidement étendu leur offre aux animaux eux-mêmes, concurrençant ainsi directement les deux catégories précédentes. On en compte environ 280.

I.1.2.4. - Les courtiers

Certaines animaleries se fournissent directement chez les éleveurs, les plus importantes s'étant constitué un réseau de producteurs référencés. D'autres préfèrent avoir recours aux représentants d'une profession assez récentes : les courtiers. Ce sont des intermédiaires qui se fournissent en France ou à l'étranger, dans les pays de l'Europe de l'Est notamment. Il ne faut surtout pas les confondre avec les opérateurs des trafics illicites hélas déplorés. Ils seraient actuellement une dizaine.

I.1.3. - Les fournisseurs

I.1.3.1. - L'industrie de l'alimentation animale

L'une de plus grandes réussites industrielles de la fin du 20ème siècle aura certainement été celle des "petfoods", c'est-à-dire des aliments destinés à l'usage des animaux de compagnie. La progression du chiffre d'affaire a encore été de 17,5% entre 1998 et 2003. Il a été vendu en 2003 dans notre pays pour 1,52 milliards d'euros d'aliments pour chien.

I.1.3.2. - L'industrie pharmaceutique vétérinaire

La pharmacie humaine faisant largement appel à l'expérimentation animale, il n'est pas étonnant que les animaux profitent souvent en retour d'une pharmacopée assez complète et sophistiquée. Par ailleurs, à l'instar de l'alimentation, la consommation de médicaments s'est accrue à une cadence encore supérieure à celle des effectifs. En 2003, le chiffre d'affaire national de la pharmacie canine a été de 533 millions d'euros.

I.1.4. - Les prestataires

I.1.4.1. - Les cabinets vétérinaires

Sur les 9 000 praticiens exerçant dans l'hexagone, près de 7 000 d'entre eux ont une activité consacrée majoritairement aux animaux de compagnie, le chien étant d'assez loin le "meilleur client". Outre les praticiens impliqués, de plus en plus nombreux sont les cabinets qui ont recours à un ou plusieurs auxiliaires spécialisés outre le personnel de maintenance et d'entretien.

I.1.4.2. - Les éducateurs/dresseurs et "hôteliers"

Le métier de dresseur est connu depuis longtemps s'intéressant notamment aux chiens de chasse. Avec la multiplication des chiens de compagnie, la profession s'est rapidement développée en ajoutant l'activité d'éducation s'adressant au simple propriétaire souhaitant bénéficier d'un compagnon mieux intégré dans la vie de la famille. En outre, l'accroissement des périodes de congés offre un nouvel essor à ceux qui offrent des prestations de garderie. Plusieurs milliers de personnes exercent de telles activités.

I.1.4.3. - Les toiletteurs

Souvent intégrés à une boutique d'accessoires, ces "salons de coiffure pour chien" sont exclusivement concentrés en milieu urbain. Ils seraient aujourd'hui plus de 800.

I.1.4.4. - La presse spécialisée

Elle ne compte pas moins de 16 titres dont 5 revendiquent des tirages à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires.

I.1.4.5. - Les organisateurs de manifestations

Ce sont des prestataires bénévoles et intermittents. Ils sont regroupés dans les Sociétés canines régionales qui seront évoquées plus loin. Les manifestations qu'ils organisent regrouperaient chaque année plus de 100 000 exposants et accueilleraient plus de 400 000 visiteurs.

I.1.5. - Les associations de bienfaisance

I.1.5.1. - Les associations de protection animale

Elles sont plusieurs à revendiquer une dimension nationale et ont soit le statut d'associations le plus souvent reconnues d'utilité publique, soit celui de fondations. Outre leur caractère caritatif, ces institutions interviennent dans les flux animaux par l'activité de leurs nombreux refuges. Ces établissements recueillent en effet les chiens abandonnés mais, fort heureusement, arrivent à placer un pourcentage important de leurs pensionnaires dans des familles d'adoption.

I.1.5.2. - Les associations d'éducation de chiens d'aide aux personnes handicapées

Qu'elles se consacrent à l'aide aux malvoyants, aux personnes à mobilité réduite, ou aux déficients mentaux, ces associations ne concerneront jamais qu'un trop petit nombre de chiens impliqués dans l'assistance aux handicapés. Mais malgré cette faiblesse quantitative, leur dimension humanitaire nous incite à les considérer qualitativement comme des membres importants de la filière.

I.1.6. - Les utilisateurs

I.1.6.1. - Les utilisateurs amateurs et sportifs

Ce sont bien évidemment d'abord les centaines de milliers de chasseurs qui ne conçoivent pas de plaisir cynégétique sans la collaboration d'un chien. Ce sont ensuite les propriétaires et entraîneurs des chiens de courses : lévriers des cynodromes et chiens de traîneaux. Mais ce sont aussi les fervents de disciplines nouvelles telles que l"'Agility". Nous évoquerons l'ensemble des ces activités dans la suite de ce rapport (cf. II.1.5.1.).

I.1.6.2. - Les utilisateurs professionnels

Après le chasseur, le premier utilisateur professionnel du chien fut sans conteste le berger. C'est malheureusement une profession en voie de disparition. Mais de nombreux autres professionnels ont aujourd'hui recours aux chiens pour ses remarquables qualités olfactives (Gendarmerie, Police, Douanes, Sécurité civile). Son aptitude à la détection de mouvements est aussi largement mise à contribution dans les pelotons cynophiles militaires. Enfin, son aspect potentiellement agressif lui confère une participation de choix aux activités de gardiennages civiles ou aux opérations de maintien de l'ordre.

Après avoir dressé le tableau des acteurs de la filière et donc son aspect social, il convient maintenant d'aborder son aspect économique en dégageant d'abord une estimation du marché puis en indiquant la part relative des différents circuits commerciaux et, enfin, en tentant de définir les grands indicateurs qui la caractérisent.

I.2. - L'économie de la filière

I.2.1. - Le marché du chien en France : estimation de la demande

Différents moyens assez sommaires ont été utilisés pour estimer la demande annuelle de chiens en France. L'un d'entre eux consiste par exemple à calculer la durée de vie moyenne de ces animaux et de diviser l'effectif total estimé par le nombre d'années obtenu.

Les quelques chiffres publiés varient ainsi entre 900 000 et 1,2 million de chiens par an.

I.2.2. - Les circuits commerciaux

Une récente enquête de la Sofres démontre les différentes voies par lesquelles la demande est satisfaite, aux dires des consommateurs :

  • 48% des chiens sont acquis "par relation". On suppose qu'il s'agit des produits des éleveurs occasionnels tels que définis plus haut mais aussi probablement -hélas- des fruits inavoués d'importations frauduleuses;
  • 24% proviennent d'un élevage, c'est-à-dire ont été vendus par un éleveur amateur ou professionnel;
  • 8% sont des animaux adoptés dans des refuges;
  • 5% sont des produits nés à la maison;
  • 5% ont été achetés dans un magasin spécialisé;
  • 4% ont été trouvés;
  • 6% proviennent d'autres voies (vétérinaires, fermes,...).

I.2.3. - Les grands indicateurs

Afin de caractériser l'importance économique globale de la filière, nous souhaitions citer les grands indicateurs classiques, à savoir chiffre d'affaires et nombre d'emplois. Nos recherches pour les découvrir se sont avérées infructueuses. Nous avons donc été contraints à procéder à notre propre estimation.

I.2.3.1. - Estimation du chiffre d'affaires

En ajoutant les chiffres d'affaires partiels publiés pour certains secteurs ou estimés plus ou moins sommairement pour les autres, nous aboutissons à l'estimation suivante en millions d'euros:

- commerce du chien 230
- alimentation 1 520
- pharmacie vétérinaire 533
- activité des cabinets vétérinaires 1 505
- activité des éducateurs/dresseurs/hôteliers 70
- presse spécialisée 20
- organisation de manifestation et sponsoring 15
Total : 3 893

Le chiffre d'affaires de la filière peut donc être estimé à 3,9 milliards d'euros.

I.2.3.2. - Estimation du nombre d'emplois

Ici, aucun chiffre n'est publié. En procédant à la sommation des évaluations très empiriques dans les différents secteurs, nous aboutissons au résultat suivant :

- producteurs et salariés de la production 1 000
- commerçants et salariés du commerce 1 500
- cadres et salariés de l'industrie alimentaire 2 200
- cadres et salariés de l'industrie pharmaceutique 1 800
- prestataires et salariés des prestataires 14 000
- associations de bienfaisance 800
- utilisateurs professionnels 6 000
Total : 27 300

Le nombre d'emplois peut donc être estimé à 27 000.

Ce chiffre doit être rapproché du nombre de bénévoles impliqués à temps partiel dans la filière et dont l'estimation globale se situe entre 10 et 15 000.

Les chiffres à retenir :
  • 27% des foyers français possèdent au moins un chien.
  • Notre pays compte 8,6 millions de chiens.
  • La filière canine représente environ 27 000 emplois à temps plein et implique à temps partiel plus de 10 000 bénévoles.
  • Elle génère un chiffre d'affaires qui peut être estimé à 3,9 milliards d'euros.

 

 

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