Véronique DUBOS

Février 2000, Mise à jour septembre 2004

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Le lait maternel

[Chaton Siamois]

L'allaitement naturel du chaton

[Nouveau-né oriental à la mamelle]

Le lait maternel a un rôle nutritif, personne n'en doute. Ce qui se sait moins, c'est que le lait possède d'autres propriétés. Le colostrum et le lait contiennent différents agents biologiquement actifs dont des immunoglobulines, une quarantaine d'enzymes, des hormones (hormone de croissance, hormone thyroïdienne, insuline, etc. toutes impliquées dans les processus de croissance) et des facteurs de croissance. Ces propriétés font que l'allaitement artificiel, même réalisé à la perfection, n'a pas sur la santé et la croissance du chaton l'efficacité de l'allaitement naturel.

 

[Chatons orientaux de quelques heures]

Certains facteurs de croissance agissent localement, au niveau du tube digestif. Ils stimulent la croissance des cellules du tractus alimentaire, ce qui améliore les processus digestifs et par conséquent la croissance du chaton. Ils accélèrent la maturation du tube digestif, passablement perméable à la naissance (cf. passage direct des anticorps du colostrum dans le sang) et le rendent plus rapidement "étanche" aux agents pathogènes. D'autres facteurs de croissance sont absorbés à travers la muqueuse intestinale, passent dans le sang du chaton et semblent exercer un effet systémique sur toute la croissance corporelle du jeune.

 

Le colostrum et le lait maternel protégent activement le nouveau-né contre les maladies infectieuses par l'intermédiaire d'anticorps, de protéines immunostimulantes et de cellules immunitaires maternelles. Après leur absorption, ces molécules et ces cellules évitent la pénétration des micro-organismes dans les tissus.

  • Certaines molécules se lient aux micro-organismes dans les intestins, les empêchant de se fixer sur la muqueuse, de traverser cette couche de cellules et de pénétrer dans l'organisme.
    • C'est le cas de immunoglobulines de type A, anticorps dits locaux, qui restent au niveau des muqueuses. Comme la mère ne fabrique d'anticorps que contre les germes présents dans son environnement, cette protection est parfaitement ciblée et adaptée au cadre de vie du chaton.
    • D'autres molécules (oligosaccharides, mucines, acides gras, etc.) interceptent quand à elles les germes de manière non spécifique. L'interféron, présent notamment dans le colostrum, a une forte activité antivirale.
    • Diverses molécules (lactoferrine, protéine de liaison B12, etc.) diminuent la disponibilité de minéraux et vitamines dont les bactéries pathogènes ont besoin pour survivre dans le tube digestif. Ce mécanisme est très efficace par exemple contre les staphylocoques.
[Défenses locales spécifiques au niveau des muqueuses du chaton]
[Défenses locales non spécifiques au niveau des muqueuses du chaton]
  • Certaines cellules immunitaires présentes dans le lait attaquent directement les micro-organismes, d'autres libèrent des substances qui stimulent les réactions immunitaires du jeune. Les macrophages du lait par exemple non seulement "avalent" les germes présents dans le tube digestif mais encore fabriquent du lysozyme, enzyme qui détruit les bactéries.
[Défenses locales cellulaires au niveau des muqueuses du chaton]

 

[Chaton oriental de 2-3 mois en train de téter]

Il semblerait que des composants du lait favorisent le développement du système immunitaire du jeune. Cela expliquerait que le jeune allaité par sa mère semble être plus rapidement apte à développer une réponse immunitaire solide qu'un jeune allaité artificiellement.

 

Références :

Lepine (1996), Newman (1996), Norcross (1982), White (1996)

 

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